27 marzo 2008

Maggio '68, la radio est dans la rue

Ho trovato affascinante la rievocazione che Anne-Marie Gustave dedica sul periodico Télérama al ruolo delle stazioni radio "periferiche" (così si chiamavano le emittenti in onde lunghe Europe 1 e RTL che pur trasmettendo formalmente fuori dai confini francesi si rivolgevano a un pubblico interno) nel maggio del 1968, il periodo degli scontri più duri tra i protagonisti delle "manif", le manifestazioni e il governo del presidente De Gaulle e del primo ministro Pompidou. Il vecchio generale, forte del suo prestigio, se la cavò in qualche modo. Ma da quelle proteste, che portarono comunque a una nuova Europa, la sua carriera uscì gravemente compromessa. Un anno dopo Charles De Gaulle dovette dimettersi per aver perso il referendum sulle riforme da lui promosse e, ritiratosi, morirà nel 1970.
Il pezzo di Télérama parla in dettaglio dei programmi indipendenti, che seguivano minuto per minuto gli scontri e le barricate, dando voce senza mezzi termini alla voglia di cambiamento. Le autorità fecero di tutto per bloccare le due emittenti private, arrivando addirittura a tagliare le connessioni telefoniche con i radiocronisti squinzagliati per le piazze. Al suo interno la radio di stato, ORTF, subì censure pesantissime e decine di giornalisti furono messi alla porta. Anche ORTF che fu uno dei bersagli più duramente messi in discussione dai giovani contestatori, non resistette a lungo. Sei anni dopo l'ente sarebbe stato abolito e nel 1981 sarebbe arrivata la legge sulla radiofonia privata, dopo dieci anni in cui l'etere era percorso da piccole stazioni pirata quasi tutte, scrive la Gustave, fondate da sessantottardi.
La radio, insomma, fece immediatamente proprio lo spirito del '68 e il pubblico a dire il vero la premiò con altrettanto entusiasmo. In un solo mese in Francia si vendettero 200 mila radioline a transistor. Allora si disse che la Francia intera si era "transistorizzata". Troverete alcuni preziosi documenti sonori sul sito della rivista storica Cahiers d'Histoire de la Radio, pubblicata dal Comité d'Histoire de la Radiodiffusion, che nel 1999 dedica alla radio nel '68 un numero monografico descritto in questa scheda dettagliata.
Evviva il Maggio.

Mai 68 à la radio : De Gaulle, t'es foutu, la radio est dans la rue

Publié le jeudi 27 mars 2008

Au moment où la fièvre gagne la rue, l'Etat contrôle France Inter. Mais Europe 1 et RTL sont au cœur des manifs. Le monde réel entre enfin dans le poste. Une révolution qui entraînera l’éclatement de l’ORTF et ouvrira la voie aux radios libres.
«Dites à Farkas de cesser de radioguider les manifestants, il nous complique la tâche.» Dès le 6 mai et après la manifestation de la place Maubert, où 345 policiers et 600 étudiants ont été blessés, Christian Fouchet, ministre de l'Intérieur, est excédé par les reportages de RTL. Le Premier ministre, Georges Pompidou, également, qui condamne «le rôle néfaste des stations périphériques. Sous prétexte d'informer elles enflamment, quand elles ne provoquent pas». Le pouvoir essaiera de négocier auprès du directeur de l'information de RTL. En vain. Jamais la radio n'avait eu autant d'influence. Elle se moquait des autorités, qui après avoir maté l'ORTF espéraient faire taire les stations périphériques, que les partisans du général de Gaulle cons­puaient en scandant : «Europe 1 à Pékin, RTL la chienlit». Et, surtout, elle devenait légère, réactive, mobile : 200 000 transistors seront vendus en un mois, dans un pays pourtant en grève.
«C'était la première fois que des types manifestaient avec un poste à l'oreille, se souvient Jean-Pierre Farkas, à l'époque directeur de l'information de RTL, aujourd'hui à la retraite. Si l'on annonçait un rassemblement devant la fontaine Saint-Michel, une demi-heure plus tard, il y avait 3 000 personnes.» «Paris était devenu un immense transistor», raconte à son tour Christian Brincourt, à l'époque simple reporter à RTL. «On était des acteurs informés et des auditeurs actifs, raconte un étudiant d'alors (1). Grâce à la radio, la peur avait moins de prise sur nous. Derrière notre barricade, on était résolus, mais on se demandait toujours si ça valait le coup. Sur RTL, ils annonçaient une dizaine de barricades: «ça m'a donné du courage. Puis une femme s'est approchée avec un transistor branché sur Europe 1 et j'ai entendu qu'il y en avait trente. J'ai pris alors conscience que la France entière était à l'écoute, que nous étions reliés au monde. Après des années de mensonges, on entendait enfin à la radio le récit du réel.»
En 68, RTL joue à fond la carte du direct, accélérant, du coup, le pas­sa­ge d'un discours rigide à une expres­sion ouverte. «Pendant les reportages, explique Jean-Pierre Farkas, les journalistes avaient du mal à conserver un ton normal. Au milieu des grenades lacrymogènes, pas loin des coups de matraque et des jets de pierres, ils avaient peur, se cachaient, couraient, leur respi­ra­tion haletante dramatisant davantage encore la situation. Les meilleurs étaient les gars des sports. Eux avaient l'habitude de doser leur voix et leurs réactions en fonction des événements vécus. Par la suite, l'illustration sonore est devenue récurrente. Comme s'il fallait faire entendre pour voir. A la limite, ce n'était plus le journaliste qu'on écoutait, mais ce qui l'entourait.»
Le 23 mai, Yves Guéna, ministre des Télécommunications, coupe les fréquences des radiotéléphones des voitures de reportage d'Europe 1 et de RTL. Les reporters trouvent immédiatement une autre solution et s'invitent chez les auditeurs. «On allait dans les immeubles des avenues où il se passait quelque chose, on montait au dernier étage puis on demandait aux habitants l'autorisation d'appeler la station avec leur téléphone, raconte Christian Brincourt. A l'époque les postes étaient fixes. Pour nous rapprocher des fenêtres, nous devions démonter l'installation. En tirant les fils, on arrachait les plinthes et on faisait tomber du plâtre. Les propriétaires, fiers de participer à l'information, ne disaient mot.» «Un jour, explique Gilles Schneider, alors journaliste sur Europe 1, je suis allé téléphoner chez un couple de médecins. Elle attendait un bébé. Au moment où j'allais intervenir en direct, elle a dit à son mari : "Je crois qu'il faut aller à la maternité." Il a répondu : "Ce n'est pas possible, des manifestants se battent dans notre escalier." Je me souviens être sorti avec eux en criant "Attention, femme enceinte !". Aussitôt une haie d'honneur s'est formée, puis étudiants et policiers ont recommencé à s'empoigner.» Grâce à ces rencontres fortuites, les journalistes ont plus facilement identifié leurs auditeurs. «Cette période nous a donné le goût du partage et une certaine forme de générosité, poursuit Gilles Schneider. Nous avons fait la connaissance non seulement de notre public, mais aussi de nos concurrents. Entre stations [Europe 1 et RTL] nous nous sommes épaulées. Les équipes ont sympathisé. Ensuite, une sorte de cousinage s'est opéré, même dans le contenu de nos programmes.»
En fait, après ce mois de troubles, plus rien ne fut comme avant. La moins «audible» des conséquences a été la prise en compte des mouvements d'opinion. Les sondages se sont généralisés. Les radios ont rayé d'un trait de plume quelques bonnes vieilles habitudes. Plus de chroniques pour les boulangers à 6 heures du matin, pour les industriels à 7h30, pour les femmes à 10 heures (curieusement, depuis, on y est revenu!). Pour la première fois, les programmes du week-end se différencient de ceux de la semaine. Les émissions de dialogue avec les auditeurs ou avec des personnali­tés se multiplient. 21 septembre : première Radioscopie de Jacques Chancel, sur France Inter. 6 novembre : première «Radio Psychose» de François Jouffa, dans Campus, sur Europe 1. Quant à l'intimité, elle se raconte dans les émissions de Menie Grégoire sur RTL.
Une autre conséquence concerne non pas les radios les plus impliquées dans l'événement, mais l'ORTF. En interne, pendant ce long mois de mai, les journalistes de France Inter, privés de leur droit d'informer (les reportages sont interdits de diffusion ou coupés), vont faire grève à plusieurs reprises. Le 19 mai, le général de Gaulle ordonne à son ministre de l'Information, Georges Gorse, de «mettre les trublions à la porte». Les émetteurs et les studios sont aussitôt placés sous garde militaire. Le 3 juin, les forces de police encerclent la Maison de la radio. Le 5, les techniciens sont remplacés par des confrères du privé... Le 14 août, Le Monde publie la liste des cinquante jour­nalistes radio licenciés, mutés ou mis à la retraite anticipée... L'ORTF éclatera six ans plus tard.
Autre retombée, et non des moindres : les prises de parole sur les antennes de non-professionnels ont donné des idées aux étudiants. Dès 69 naît la première radio libre sur le campus de Villeneuve-d'Ascq. Jusqu'en 1981, année de l'ouverture de la bande FM, 2 000 autres stations pirates vont voir le jour, la plupart créées par des soixante-huitards, pour qui la radio incarnait le média de la liberté d'expression. En 68, les stations privées et publiques ont gagné leur indépendance vis-à-vis du pouvoir politique. Aujourd'hui, le pouvoir a changé de mains, concentré dans celles de la publicité et des grands groupes financiers.
Anne-Marie Gustave

(1) Dans Les Cahiers d'histoire de la radio, no 59, janvier-mars 1999.


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